lou Admin
Messages : 165 Date d'inscription : 03/06/2013
| Sujet: A Cassandre Ronsard Lun 9 Mai - 15:36 | |
| - Introduction:
"A Cassandre" est un poème issu du recueil Odes de Ronsard et écrit en 1524. Ronsard était poète à la cour de François Ier régent de l'époque qui le nomma Prince des Poètes après C.Marot. Le poète était également fondateur d'un groupe de poètes latinistes et hellénistes, en compagnie de J. Du Bellay et Du Baïf. Son poème traite un thème récurrent de la poésie (topoï), la fuite du temps. Le recueil dont il est issu est composé de poèmes lyriques qui célèbrent un événement ou une personne. A Cassandre est tout d'abord une invitation à la vie et au plaisir adressée par Ronsard à sa muse, puis se change petit à petit en désolation face à la fuite des beautés de la femme et de la nature. Nous allons voir dans un premier temps, en quoi cette invitation est galante, puis dans une deuxième partie traiter l'urgence de cette supplication enfin nous allons voir en quoi ce poème est didactique.
- Le poème:
A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.
En quoi ce poème lyrique poursuit-il un but didactique?- I) Une invitation galante:
- A) Deux amoureux:
-> Le titre: A Cassandre : est une dédicace : adresse/hommage à femme aimée (aspect autobiographique : jeune aristocrate ( fille de banquier Italien Salviati) rencontrée par le jeune Ronsard à un bal (morte peu de temps après)C'est un poème typique de l'Ode, il célèbre une personne (culte).
->Cassandre est le pré-texte, elle ne fait pas d'apparition au sein du poème. Le poète s'adresse à ne femme, ce qui donne une dimension universelle à ce denier.
-> Mignonne, en ouverture présente un contraste entre le sérieux de A Cassandre et la légèreté de la jeunesse, une apostrophe tendre, familière, qui correspond aux vœux de La Pléiade : donner de la fraîcheur à la langue française
-> L'adjectif "Mignonne" est répété au début de chaque strophe pour louer la complicité entre les amoureux ( ils errent ensemble dans le jardin toute la journée)
-> Cette notion de temps passé en sa compagnie se retrouve dans les indicateurs temporels :"Cette Vesprée", "le matin" "du matin jusqu'au soir" qui soulignent la durée de la leur aventure
->Le vouvoiement de la muse traduit un respect face à sa beauté/personne. Flatte. C'est de l'amour courtois (voir Cyrano)
- b) Un partage dans la nature:
->Les impératifs : "voyez comme" "allons voir" "cueillez cueillez" traduisent les pensées directes du poète. Néanmoins avec beaucoup d'insistance accompagnée de tendresse. Le poète souhaite partager son temps libre avec la femme.
-> La rose évoquée en comparaison avec la jeune fille était une plante cultivée dans les jardins nobles. C'est une invitation galante à la contemplation, balade dans les parc.
->Le narrateur, le jeune homme semble avoir un sens du détail tout d'abord illustré par les verbes de vision "allons voir" "voyez" mais également par les détails qu'il contemple : "sa robe de pourpre"," sa robe pourprée", la répétition du même groupe nominal à 4 vers d'intervalle, ralentit l'action, donne un sentiment de contemplation extrême, ralentie . L'observation des plis ainsi que "laisser choir" traduisent le cycle de la rose, de la vie et font allusion au thème du poème.
-> La couleur rouge, rose rouge font allusion à l'amour, la fleur choisie parmi les fleurs pour parler d'amour, la fleur par excellence.
- II) Urgence de la supplication:
- A) Un érotisme diffus:
->La rose est employé (métaphore filée) en allusion à la jeune femme.
->L'allitération en "r" ("pourpre""vesprée""pourprée"votre""pareil") traduit un ronronnement, bien-être (sensuel?) sous les rayons du soleil. Harmonie imitative.
-> La rose embrasse le rôle de la jeune fille. Est une allégorie de l'amour, du corps, et de l'apparence de la jeune fille, tout en restant pudique: il s'agit d'amour courtois.De plus il s'agit de "LA rose" un déterminant singulier défini.
-> Les rimes suivies "rose"/"déclose", est un symbole de l'ouverture de la jeune fille au poète. Les plis, la robe, misent su rune rencontre entre amants.
-> Sa" robe pourprée et son teint au vôtre pareil " , est un vêtement féminin. Le rouge aux joues n'est pas seulement un signe de jeunesse chez la jeune femme, mais aussi de circulation sanguine activée par le désir. Le poète prête à la jeune fille ses propres émotions : c'est lui qui rougit d'avoir à parler de son propre désir. Description discrète du corps de la jeune fille : esthétique du blason, forme poétique très en vogue à la Renaissance : faire l'éloge poétique d'une partie du corps de la femme aimée (son front, son sein, son pied, etc) La rose (couleur) fait allusion à la chair.
-> Les références biologiques au "soleil" fait foi aux désirs impurs/passionnels du jeune homme.
- B)L'inquiétude du poète:
->Ce poème oppose deux tonalités. La première étant le lyrisme, traduit par les flatteries du narrateur : "Mignonne" "la rose" et la deuxième la tonalité didactique, traduite par le ton autoritaire (impératif/injonctif) du poète. Cette assimilation de deux tonalités traduit les intention du charmeur. Le poète est loin d'être naïf, maîtrise parfaitement l'art de la séduction.
-> octosyllabes, sont moins noble que les alexandrins mais moins surfaits également, plus naturels. Il marquent un rythme heurté, saccadé, une harmonie imitative des sentiments du poète.
->La présence de mots à connotation négative "comme en peu de temps""ne dure que" mettent en valeur l'insatisfaction du jeune narrateur face à la précarité de la vie.
-> Les consonnes explosives (PTQU) utilisées tout au long du poème traduisent une colère dans les émotions de l'auteur.
-> Ressemble à une incantation "Oh, marâtre nature""Las!", ce qui traduit l'anxiété que veut nous faire parvenir le poète.
-> Le poète transmet son regret face à la vie qui lui file entre les doigts par la répétition de "ne dure que du matin jusqu'au soir" "se fane".
->imite des réactions naïves de jeunes filles, face à la fleur fanée.
->L'adverbe de temps" tandis que votre âge fleuronne", marque l’immédiateté de la requête. Le poète invite à passer à l'acte, sans perdre de temps. Souligné par la répétition de l'impératif "cueillez".
-> La présence du futur dans le texte marque une rupture avec les temps employés (passé, impératif), et donc montre un futur sombre face à un présent à cueillir.
->Chute agressive du poème : adresse directe à la jeune fille avec un article possessif, verbe dévalorisant. Le poète compte sur l'orgueil de la jeune fille qui craindrait de ne plus être flattée un jour. Le poète n'évoque jamais sa propre vieillesse, sans doute amorcée déjà. Malhonnêteté. Mesquin ? Amoureux égocentrique et antipathique ? On peut ainsi se demander si tant d'empressement à convaincre la jeune fille n'est pas une manière de l'aveugler afin qu'elle cède à son désir à lui, qu'elle a peut-être décliné d'abord. Il n'est en effet jamais question de ses sentiments à elle, comme s'ils valaient mieux ne pas en parler. Ainsi, le Carpe Diem pourrait être le drame d'hommes qui craignent d'être rejetés par des femmes plus jeunes qu'eux, qui craignent la mort et la vieillesse. Ils se servent alors, pour apaiser leur tourments, de leurs talents poétiques ou de leur notoriété pour abuser de la crédulité de femmes dont ils savent qu'elles pourraient être plus sensibles à la beauté de leurs vers qu'à leur personne. L'inquiétude est donc ici celle d'un homme qui doute de ses capacités à séduire.
- III) Un poème didactique:
- A) Un ton menaçant:
-> Après les compliments, et une amabilité apparente, le ton se durcit considérablement. L'amant flatteur du début adopte le comportement d'un maître s'adressant à son élève.
->"allons voir si la rose n'a point perdu son teint" souligne la position du narrateur. Il donne des conseils, veut persuader la jeune fille : c'est lui qui lance le mouvement.
->Allons, voyez, cueillez, cueillez est un langage de la volonté individuelle et est donc incompatible avec un langage amoureux (en principe).
-> Le mot "rose" évoqué dans le premier sizain disparaît au fil des vers pour être remplacé par des déterminants démonstratifs. Le ton devient plus sec, moins lyrique.
-> Le poète instruit Cassandre sur sa beauté, en imitant les réactions naïves d'une jeune fille. La jeune fille se fait représenter comme une consommation éphémère.
-> Enfin le poème se trouve être "un monologue" avec le "maître" qui délivre un cours magistral sur l'attitude à adopter de la jeune fille.
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