almi
Messages : 13 Date d'inscription : 18/11/2015
| Sujet: L'Etranger (Camus) - LA 1 : l'incipit Mer 4 Mai - 18:15 | |
| - introduction:
L'Etranger est un roman publié en (?) par Albert Camus, intellectuel engagé qui s'est illustré dans tous les domaines. Le récit se déroule à Alger, l'Algérie étant alors une colonie française. On suit le quotidien de Meursault, un Pied-Noir dont le quotidien va être traversé par 2 événements : la mort de sa mère (qui le laisse apparemment insensible) et le meurtre d'un Arabe, suite à son implication dans les affaires d'un proxénète. Cet extrait relate la réaction de Meursault face à l'annonce du décès de sa mère, et nous donne un aperçu de sa personnalité qui nous échappe.
En quoi cet incipit est-il atypique ?- I. Une absence de profondeur psychologique:
- 1. les sentiments:
- A) absence de deuil:
Introduction in media res. - "maman" traduit un lien très fort : on s'attend à un narrateur en état de choc, or tout le paragraphe liminaire s'attache à fixer une date ( rebondit sur le mot "aujourd'hui : ce qui l'intéresse est d'acter l'événement de manière administrative) - les données chiffrées donnent l'impression que le narrateur veut expédier une simple formalité, et la phrase "je rentrerai demain soir" indique qu'il envisage déjà le retour. - concernant la relation à son patron : "excuse pareille" sonne comme un prétexte.
- B) pas de sympathie témoignée à autrui:
"J'ai dit oui pour n'avoir plus à parler" souligne le manque de désir de ommmuication du personnage, voire une certaine paresse. De plus, Meursault mentionne "Emmanuel" qui "a perdu son oncle il y a quelques mois" mais loins de se sentir proche de ce dernier qui partage sa peine, il s'agit simplement de détails pratiques : le narrateur veut lui emprunter "une cravate noire et un brassard". Enfin, Meursault ne montre aucun signe de gratitude fac au réconfort qu'on lui prodigue (comme le montre la phrase "ils avaient tous beaucoup de peine pour moi").
- 2. le raisonnement personnel de Meursault:
- A) immaturité face à son patron:
- Meursault se justifie avec la phrase "ce n'est pas de ma faute" qui montre qu'il méconnaît ses droits. - la tournure puérile "il n'avait pas l'air content" rappelle l'attitude d'un enfant impressionné par un adulte, son supérieur - "je n'aurais pas dû dire cela", qui dénote une certaine maladresse, signifie que le narrateur parle sans réfléchir, et par conséquent qu'il n'est pas habitué à communiquer.
- B) un personnage un peu frustre:
La parataxe est fréquente dans ce récit, on trouve de nombreuses phrase courtes et juxtaposées telles que "J'ai pris l'autobus à 2h. IL faisait très chaud.". La syntaxe monotone se traduit également par l'emploi systématique du futur simple et par un vocabulaire simpliste/rudimentaire ("morte", "content", "dormi"). Le narrateur ne semble pas disposer d'un vaste répertoire. En outre, l'appellation de "maman" répété traduit un manque d'émancipation masculine. Meursault ne témoigne d'aucun affranchissement vis à vis de sa mère, même une fois morte. Pour finir, la phrase "j'ai couru pour ne pas manquer le départ" donne à penser que ce personnage est irresponsable.
Mais cette insensibilité n'est peut-être qu'apparente.- II. Explications possibles à cette apparente insensibilité:
- 1. le traumatisme:
L'écriture factuelle et les données chiffrées peuvent être pour Meursault un moyen de se convaincre que rien n'a changé, ce qui le conduit à raisonner comme une machine. De plus, le narrateur se raccroche aux faits concrets pour mieux supporter la réalité, avec les expressions "comme d'habitude" etc. Cette expression hachée provient également de sa difficulté à enchaîner des pensées.
De plus, Meursault n'est pas si insensible qu'il y paraît, puisqu'il décrit ses sensations.- 2. les sensations physiques:
--> chaleur, troubles olfactifs, somnolence -La chaleur ainsi que l'épuisement dû à la course sont reflétés dans les termes "très chaud", "couru", "hâte", "cahots" et provoquent un étourdissement ("j'étais étourdi") - Le trouble olfactif est traduit par "l'odeur d'essence" - L'effet de somnolence se retrouve dans les expressions "me suis assoupi", "dormi" et "réverbération" et aussi dans deux ellipses narratives successives : Céleste et Emmanuel sont annoncés brutalement, comme si le lecteur était au courant, et on manque l'épisode où Meursault annonce à ses amis le décès de sa mère.
- 3. la dignité, la pudeur:
Le récit nous présente un narrateur peu expansif, qui ne cherche pas spécialement à dévoiler ses sentiments personnels. Cependant, Camus nous offre une libre interprétation, car le personnage ne spécifie pas qu'il ne ressent rien. Il peut s'agir de la personnalité de Meursault, qui est probablement introvertie. En effet, qui sommes-nous pour juger la manière dont chacun éprouve du chagrin? On peut également évoquer le principe de liberté individuelle : il existe de multiples façons d'exprimer le deuil. Enfin, c'est peut-être tout simplement la culture masculine de l'honneur qui est en jeu : il se pourrait que Meursault soit en proie à de nombreuses émotions, mais qu'il choisisse de prendre sur lui pour ne pas les montrer. Cette solution invite plutôt à l'admiration devant une personne qui sait se dominer.
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lou Admin
Messages : 165 Date d'inscription : 03/06/2013
| Sujet: Re: L'Etranger (Camus) - LA 1 : l'incipit Dim 8 Mai - 15:51 | |
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