lou Admin
Messages : 165 Date d'inscription : 03/06/2013
| Sujet: Lecture Analytique la Cantatrice Chauve ; Scène du Pompier-IONESCO-lecture analytique- Jeu 16 Juin - 11:27 | |
| - Introduction:
La Cantatrice Chauve est une anti-pièce écrite par Eugène Ionesco en 1950, dans un contexte d'après-guerre marquée par un traumatisme profond et une crise de la création ; elle s'inscrit dans le courant philosophique nihiliste. Ionesco se pose également contre a tradition théâtrale, notamment le vaudeville (ou théâtre de boulevard) : c'est une pièce habitée par le néant des conversations bourgeoises. Dans cette scène le cadre bourgeois reçoit la visite d'un pompier, qui embrasse le rôle du fantasme dans la pièce. Il apparaît comme un intrus dans une société où l'ennui règne.
En quoi cette scène exerce-t-elle une double critique de la bourgeoisie et du théâtre traditionnel?- I. Critique du Théâtre:
- 1/ Le pompier:
-> L'arrivée du pompier donne l'espoir d'un lancement de l'intrigue. Néanmoins, la scène (VIII) se situe vers la fin de la pièce (11scènes) .
->L'aveu "je suis en mission de service" rend le nouvel arrivant mystérieux.
-> Son entrée tardive pourrait également faire penser à un Deus ex machina. Or les péripéties ou grandes actions n'ayant pas eu lieu, il s'avère inutile. Néanmoins sa persistance marque une volonté d'avoir un rôle dans les événements et le déroulement de la pièce. Ionesco critique par ce biais les apparitions surfaites des éléments de résolution.
->Ainsi Ionesco se moque des traditions théâtrales, soit dans le but de critiquer des éléments perturbateurs improbables soit l'arrivée souvent étrange d'un élément de résolution venu de nulle part.
- 2/Le coup de théâtre:
-> L'enchaînement des répliques se fait de manière illogique. Une conversation se déroule entre le moment où le pompier veut poser une question et le moment où il la pose.
->Il n'y pas d'urgence, ainsi Ionesco critique les manières peu naturelles des pièces classiques, où l'instinct de réaction n'est pas reflété, mais est comblé par des paroles.
->De plus la sphère publique se confond avec la sphère privée. Le pompier pose timidement la question traduit au travers de la didascalie "(très embarrassé)", pour pouvoir exercer son métier, mais la conversation dérive vers les liens d'amitié, exposés par la réplique de M. Martin "Nous sommes de vieux amis".
->De plus par la question répétée : "N'y a t-il pas même un petit feu ?", le pompier se livre à un comique de parole, ce qui permet de critiquer l'humour facile des pièces comme le vaudeville.
- 3/La Bienséance:
->Le règle de bienséance est le fondement des oeuvres classiques.
Ionesco pour les critiquer brise les codes du théâtre traditionnel.
-> Cette rejet de la tradition se traduit tout d'abord par les didascalies corporelles : "reniflant" "elle l'embrasse" -> Ces didascalies traduisent un comportement vulgaire, libertin, le baiser également l'adultère. Le contraste entre les actes et la classe sociales choque.
-> Le pompier incarne le désir, l'érotisme, un sentiment tabou dans les mises en scène traditionnelles.
-> Le pompier fait également allusion au fait que les acteurs soient tellement mauvais qu'on serait obligé de faire venir le pompier en faction dans les coulisses pour dissiper l'ennui.
- II.Critique de la bourgeoise:
- 1/ Manque d'amour:
->M.MARTIN se sent obligé de souligner son lien amical avec les Smith ainsi que la durée au travers de l'adjectif "vieux". Ainsi il sympathise avec le pompier, et se livre, tout en soulignant les liens forts qui unissent les deux couples.
->"éteindre tous les incendies"-> Ceci est une tournure polysémique. Le pompier a en réalité le devoir de satisfaire toutes les femmes en manque d'affection (le feu étant une allégorie de l'amour et de la passion).
->La confusion des femmes face à l'homme incarnant la virilité traduit ce désir féminin d'amour au travers de l'adjectif "confuse", nous pouvons également remarquer que c'est Mme Smith qui va à la recherche de "l'incendie" et non M. Smith - ce dernier fait preuve de moins d'intérêt envers le pompier.
-> L'adjectif "malheureusement", employé par Mme Martin en relation avec le feu, marque sa déception. Elle est donc en manque d'affection.
- 2/la crise de la communication au sein des couples:
->Le pompier reste protocolaire et respectueux avec des tournures de phrase telles que : "Je vais vous prier de vouloir bien excuser". Il alourdit ses phrases par des formules de politesse : "C'est parce que, excusez moi" "puis-je" "je vais vous prier". Il tente de ne pas se démarquer dans une classe sociale qui s'intéresse uniquement aux apparences, en adoptant un vocabulaire mécanique et récitatif.
-> Tous les personnages emploient une syntaxe minimaliste, ce qui traduit la mécanisation de leur personne et de leur classe. Les apparences et l'artifice ont pris le dessus sur les humains. (Ex: "je ne sais pas... je ne crois pas" "N'y manquez pas") Les personnages procèdent par protocoles langagier, méthode ASSIMIL.
-> "pas de blé pas de feu", le détournement de proverbe marque un manque d'authenticité. Les personnages sont factices, derrière une façade bourgeoise.
-> Il y a des associations d'idées incongrues comme "l'agriculture c'est comme pour le feu, ça ne marche pas " qui souligne les vaines tentatives de communication. Or par leur absurdité celles-ci échouent. Le champs lexical des affaires, de l'agriculture se mêle à celui de la prévention des risques. Les personnages veulent donner une illusion de discussion entre hommes, mais qui ne s'avère pas crédible.
->Madame Smith, toujours en quête de reconnaissance, essaie de se joindre à la conversation d'hommes or ne peut que parler de ce qu'elle connaît, à savoir don quotidien de ménagère au foyer ("mais il y a du sucre"). Il en va de même pour madame Martin lorsqu'elle parle de taxe à mauvais escient. La conversation passe du coq à l'âne sans avoir un véritable but.
- 3/Représentativité:
-> AU travers de la tournure "ne vous gênez pas"->Madame Martin met en valeur une vie réussie et n'évoque pas ses problèmes de couple.
->"Essayez voir chez Durand" , les bourgeois suggèrent une visite chez une connaissance, mettant en valeur leurs relations sociales, néanmoins, ne sachant pas s'il y a du feu, nous pouvons nous demander à quel point cette relation est forte.
->Cette prétention à la culture se retrouve également dans les répliques des hommes telles que "le vicaire de Wakefield" : M.Martin souligne sa position et ses connaissances qui embellissent sa façade bourgeoise.
Dernière édition par lou le Mer 26 Oct - 11:53, édité 1 fois | |
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lou Admin
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| Sujet: Re: Lecture Analytique la Cantatrice Chauve ; Scène du Pompier-IONESCO-lecture analytique- Mer 5 Oct - 14:34 | |
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